Moi, Sac à Dos, écoutez moi…

De notre ami et associé, Michel Turk…
Eh ben me revoilà, je m’étais fait oublier, vous vous doutez bien pourquoi, non ? Il voulait me mettre au rebus, souvenez-vous ! J’avais réussi à le convaincre d’écrire mon histoire, il l’avait fait éditer sous le titre « Monologue d’un sac à dos » et y avait ajouté quelques sous-titres ronflants. Son public en avait redemandé, son éditeur moins parce que toute édition obéit à une règle de marketing. Cet anglicisme me semble très révélateur, on ne parle plus d’intérêt culturel mais d’intérêts tout court. Mais déjà à des époques lointaines ne disait-on pas « qu’as-tu fais de ton talent ? ». Mais ce que j’en dit, moi modeste sac à dos… Il n’empêche que m’étant exprimé une première fois sans trop de déconvenue, je me sens prêt à repartir. Mais je vais m’y prendre autrement. On ne raconte pas deux fois les mêmes choses sans lasser son auditoire ou ses lecteurs. Mon premier récit, je le dois à une pandémie. Parce qu’évidemment ce n’était pas une sinécure que d’accaparer mon maître, tellement pris par ailleurs. Heureusement, enfin le terme est quand même équivoque, il y a eu le Covid, ce machin qui s’est échappé de Chine, c’est ce qu’on m’a dit, pour venir nous polluer ici. C’est fou ce qu’on en ramasse des choses de là-bas ! J’parle pas des fringues qui y sont fabriquées, même avec des marques qui sonneraient cocorico et se signeraient en bleu-blanc-rouge. Non, des trucs comme le frelon asiatique qui croque nos abeilles, des maladies épouvantables qui seraient transmises exprès pour nous nuire. Après, ça te fait de la grippe aviaire et mon maître la craint pire que la peste, car, vous vous en souvenez sans doute, il adore les oiseaux dont il ne manque jamais de rappeler qu’ils sont contemporains des dinosaures et ont acquis un savoir qui nous paraît inné chez eux tant il leur est attaché. C’est compliqué ce que je dis là ? Je peux simplifier. Tu vois, là je m’adresse à un lecteur lambda, au quidam dont les oiseaux sont le cadet de ses soucis qui devra quand même apprendre comme je l’ai appris moi-même que ces quelques grammes de plumes voyagent sur toute la terre, parcourent des milliers de kilomètres, les uns en vol de nuit, ne pas confondre avec le roman éponyme de Saint-Exupéry qui n’est qu’un amateur à côté d’eux, et qui s’orientent d’après les étoiles, le champ magnétique et que sais-je encore ? Car bien évidemment, comme vous pouvez vous en douter je ne maîtrise que très moyennement ces notions. D’autres oiseaux passent d’un pôle à l’autre, je pense aux sternes arctiques dont je me demande pourquoi on les nomme arctiques plutôt qu’antarctiques alors qu’elles se partagent entre l’univers austral et septentrional ? Peut-être qu’il y a là un côté dominateur du nord sur le sud, ce qu’on entend parfois en d’autres domaines.