Moi, Sac à Dos, de Michel TURK

Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine qu’ils chantaient.
Un clin d’œil en passant à celle qui étant aux manettes (comprend qui peut) m’a permis de me reposer sous les mirabelliers et d’attendre qu’un des fruits bien mûr tombe de l’arbre pour que je puisse m’en régaler. C’est une image de bonheur tranquille qu’on prêterait volontiers à Sidi Lakhdar (pas la ville, le poète) qui fait la sieste sous un palmier dattier en attendant qu’une datte lui tombe dans la bouche. Certes, la mirabelle de Lorraine a aussi sa réputation et mon maître l’apprécie sur une tarte quand le fruit est à peine caramélisé ou même dans un pot de confiture. La tarte, c’est parce qu’il s’en léchait les babines quand il en parlait et que j’étais présent, la confiote, parce que j’en ai trimballé des pots. Pour les non-initiés, Manette, c’est Marie de Lorraine, une amie de mon maître qu’il n’a cependant jamais rencontrée en dehors de quelques mémorables parties de scrabbles dont évidemment je n’ai pas été témoin puisque ces jeux de lettres et de mots qu’on n’emploie jamais autrement se faisaient sur internet, l’outil incontournable dont je vous donnerai mon opinion malgré ma grande ignorance mais ce sera un peu plus tard.
Vous vous souvenez sans doute, la dernière fois que je me suis exprimé, j’étais plutôt critique à l’égard de mon maître, j’étais bien plus clément dans mon jugement concernant ma maîtresse, sa femme. Enfin, quand je dis maîtresse, comprenons-nous, il est tellement jaloux que je finirai par y aller pour de bon à la déchèterie. Mais si je reviens sur mes précédents avis, c’est parce qu’en fait, à ses côtés, j’ai appris tant de choses. Suis devenu aussi éclectique que lui, j’aime bien ce mot car pendant longtemps j’y voyais comme une contraction des mots éclairage et électrique. Eurêka que j’ai crié quand j’ai enfin su ce que ça signifie. Comme un cri primal, mais on n’en fera pas grand cas à cette heure, avec l’âge avançant ce serait plutôt un râle. Je disais qu’il m’a initié à pas mal de domaines, en résumé disons que c’est au naturalisme. Pas naturisme, même si dans sa jeunesse, y’pouvait pas s’empêcher d’se foutre à poil pour plonger dans les eaux froides des torrents qui dévalent de nos montagnes. Aucune pudeur. Mais bon, c’était généralement en fin de journée, il avait déjà bien transpiré et moi ça me faisait une pause olfactive si vous voyez ce que je veux dire. Et puis, lui rafraichi, je repartais plus sereinement sur son dos.