Moi, Sac à dos (L’IA), de Michel Turk

Naturaliste, donc. De par essence, j’étais destiné à l’être un peu. Vous n’imaginez pas que je pusse être devenu un rat de bibliothèque, plongé du matin au soir dans des bouquins, fussent-ils très intéressants. Non, bien que venant moi aussi de Chine, comme quoi, on n’y fait pas que de la merde, j’étais destiné à m’épanouir dans la nature. La Chine, revenons-y, y’a un type qui a écrit un livre dessus, Quand la Chine s’éveillera que ça s’appelle. Alain Peyrefitte qu’il se nomme le gars qui a tiré la sonnette d’alarme, près d’un million de lecteurs et aujourd’hui elle s’est éveillée. C’est du moins ce que répète inlassablement mon maître qui est doté d’un esprit à tiroirs, je mets au pluriel, ou genre poupées russes, vous voyez ces machines qui s’emboitent les unes dans les autres et qui sont peintes avec des couleurs vives, les matriochkas de leur vrai nom. Donc j’en reviens aux digressions dont mon maître est capable et qui vous embarquent parfois très loin du sujet qui nous préoccupe. Alors parlant de la Chine, lui, il dit que c’était inéluctable parce que les gens de ce pays bossent tandis que nous, nous roulons la bosse, vendons, achetons mais ne produisons plus. Mais je m’égare, je finis par lui ressembler. Donc naturaliste, ce qui signifie un profond respect pour la nature, pour la vie, et qui va de l’ornithologie à l’herpétologie, ça c’est les grenouilles et les vipères pour faire simple, et qui englobe aussi un peu de botanique. La vie, la vie et rien d’autre se plait-il à dire en empruntant au titre d’un film avec Philippe Noiret et Sabine Azéma. Moi, j’en ai juste entendu parler, mais vous, vous l’avez peut-être vu, tout simplement sublime, ponctue-t-il quand il en parle.
Je disais donc qu’on ne va pas réécrire mon histoire, ni la commenter. Enfin, commençons par descendre de notre piédestal, mon désir de m’exprimer sur des thèmes très divers ne sera exaucé que si mon maître le veut bien. Vous avez sans doute déjà remarqué que mon vocabulaire s’est enrichi, mais en dépit de l’IA, comprenez l’intelligence artificielle, je ne sais toujours pas me servir d’un clavier. Et les dictaphones les plus performants se plantent régulièrement, il me faut donc le secours d’un tiers et la bonne volonté de Mirabelle de Lorraine. Revenons un instant à l’IA, c’est peut-être, sûrement même, l’avenir, mais dans l’immédiat on en essuie les plâtres. Et puis, comme dit mon maître, déjà que sans IA beaucoup de ses compatriotes ont un bagage minimaliste, on peut craindre qu’avec, ils auront carrément un encéphalogramme plat et il sera plus facile encore de les manipuler. J’en connais qui s’en frottent les mains, pas au pays des Amish mais au royaume des crétins qui gobent tout. J’espère que mon maître ne censurera pas mon propos car je ne fais que traduire ce qu’il exprime bien souvent, mais lui il emballe ça dans des phrases lisses qui ne choquent personne, tandis que moi… Alors pour reprendre la trame de mon exposé, on va donc aborder des thèmes. Ceux qui me sont chers, bien entendu.